DESSINS (pratique de 2008 à 2010)
« Cheveux, feuille, ciseaux. »
Exposition “Dessins, aléas & féminisme”. Librairie Violette and Co,
7 avril au 2 mai 2010.
Je dessinai des grilles, je traçai des grillages de lignes, je m’intéressai à des dentelles, aux barbelés, aux cheveux, aux fils... La complexité de ces lignes entremêlées m’intriguait, la méticulosité de ces filages m’intriguait, la joliesse de telle partie, si fine, me fascinait. Qu’allais-je trouver ? Qu’est ce qui m’attirait tant ? La femme est vêtue, tout comme l’homme me dira t-on, mais elle est vêtue différemment. Elle tisse ou a tissé, se cache ou s’est cachée, derrière ses vêtement, derrière sa chevelure, avec ou sans ses vêtements se voile ou se dévoile, provoque ou se mure, cherche sa liberté en dehors de chemins déjà écrits et se demande comment écrire différemment. Dessiner ou écrire: tracer, tirer des traits. Ainsi de mes dessins à mes dessins se retrouve toute une iconographie personnelle là où telle femme sacrifie sa chevelure, geste coupable, là où telle femme utilise ses propres cheveux pour s’oublier, là où telle fille retrousse sa jupe, «cela ne se fait pas» rappelle Le Qu-en-dira-t-on... Recherches iconographiques « Cheveux, feuille, ciseaux. » est une exposition qui présente une série de toiles en couleur créées au départ à partir de dessins marouflés. Ces seuls dessins collés sur toile blanche finissaient par donner lieu à des associations d’idées, aux aléas de mes représentations mentales : ainsi de fil en aiguille des passages s’effectuaient et j’ajoutais des images peintes ou dessinées sur la toile même. De la maille au barbelé, du fil au cheveu, des cheveux au voile apparaissaient des corps féminins. Je tissais ensemble des représentations. Une série de dessins à la mine de graphite sur papier suit les toiles en couleurs: ainsi des silhouettes anthracites à hanches et à chevelure, vêtues d’amples robes, nous présentent des sans visage aux masques de cheveux. Voilée ou in-voilée cette femme-là nous interpelle : le voile n’est pas forcément là où on croit le voir, outre le carcan vestimentaire et théologique, il est, pour moi en tant qu’artiste femme, un invariant de nos civilisations, là où la femme devait se cacher, apprendre par coeur la modestie, baisser les yeux, paraître le moins possible. Là où on lui a appris la honte, dénoncer cette honte de soi, qui a osé parler de voile invisible jusqu’alors?1
Séverine HETTINGER
1 . PRELJOCAJ (Catherine), « Quand le voile est invisible », Libération,11/01/2010
« Cheveux, feuille, ciseaux. »
Exposition “Dessins, aléas & féminisme”. Librairie Violette and Co,
7 avril au 2 mai 2010.
Je dessinai des grilles, je traçai des grillages de lignes, je m’intéressai à des dentelles, aux barbelés, aux cheveux, aux fils... La complexité de ces lignes entremêlées m’intriguait, la méticulosité de ces filages m’intriguait, la joliesse de telle partie, si fine, me fascinait. Qu’allais-je trouver ? Qu’est ce qui m’attirait tant ? La femme est vêtue, tout comme l’homme me dira t-on, mais elle est vêtue différemment. Elle tisse ou a tissé, se cache ou s’est cachée, derrière ses vêtement, derrière sa chevelure, avec ou sans ses vêtements se voile ou se dévoile, provoque ou se mure, cherche sa liberté en dehors de chemins déjà écrits et se demande comment écrire différemment. Dessiner ou écrire: tracer, tirer des traits. Ainsi de mes dessins à mes dessins se retrouve toute une iconographie personnelle là où telle femme sacrifie sa chevelure, geste coupable, là où telle femme utilise ses propres cheveux pour s’oublier, là où telle fille retrousse sa jupe, «cela ne se fait pas» rappelle Le Qu-en-dira-t-on... Recherches iconographiques « Cheveux, feuille, ciseaux. » est une exposition qui présente une série de toiles en couleur créées au départ à partir de dessins marouflés. Ces seuls dessins collés sur toile blanche finissaient par donner lieu à des associations d’idées, aux aléas de mes représentations mentales : ainsi de fil en aiguille des passages s’effectuaient et j’ajoutais des images peintes ou dessinées sur la toile même. De la maille au barbelé, du fil au cheveu, des cheveux au voile apparaissaient des corps féminins. Je tissais ensemble des représentations. Une série de dessins à la mine de graphite sur papier suit les toiles en couleurs: ainsi des silhouettes anthracites à hanches et à chevelure, vêtues d’amples robes, nous présentent des sans visage aux masques de cheveux. Voilée ou in-voilée cette femme-là nous interpelle : le voile n’est pas forcément là où on croit le voir, outre le carcan vestimentaire et théologique, il est, pour moi en tant qu’artiste femme, un invariant de nos civilisations, là où la femme devait se cacher, apprendre par coeur la modestie, baisser les yeux, paraître le moins possible. Là où on lui a appris la honte, dénoncer cette honte de soi, qui a osé parler de voile invisible jusqu’alors?1
Séverine HETTINGER
1 . PRELJOCAJ (Catherine), « Quand le voile est invisible », Libération,11/01/2010
“Sans titre”, encre marouflée sur toile, 2008
« Femme en cheveux 1 », graphite sur papier, 50 x 65 cm, 2010.
« Irrévérence 1 », graphite sur papier, 50 cm x 65 cm, 2010.
« Irrévérence 2 », graphite sur papier, 50 cm x 65 cm, 2010.
« A la marelle » graphite sur papier, 100 x 70 cm, 2010.
« Jeu à deux », graphite sur papier, gauffrage 2010.
“Feministic dessins 1”, encre sur papier, 29,7 cm x 21 cm, 2009.
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“Feministic dessins 2”, encre sur papier, 21 cm x 29,7 cm, 2009.
“Feministic dessins 2”, encre sur papier, 21 cm x 29,7 cm, 2009.
“Feministic dessins 4, 5, 6”, encre sur papier, 21 cm x 29,7 cm, 2009